DAVID GOGO: Vicksburg Call (2016)
« Docteur ! Docteur ! J’ai un problème !
- Qu’est-ce qui vous arrive ?
- J’aime le blues mais je ne sais plus où donner des oreilles avec tout ce qui sort en ce moment. Il y a du bon, du moyen et du mauvais. Et puis maintenant, ils ont tendance à faire de cette musique un fourre-tout avec des choses qui n’ont rien à voir. Et pourtant, il me faut ma dose de notes bleues, de solos incandescents et de rythmes hypnotiques. Que dois-je faire ?
- D’accord, je vois. Je vais vous faire une injection du dernier album de David Gogo ! »
Ce guitariste canadien, qui n’est certainement pas un débutant, a ouvert pour de nombreuses « pointures » au cours de sa carrière (Johnny Winter, BB King, Bo Diddley, Albert Collins, ZZ Top, George Thorogood) et il sort à présent sa quinzième galette. Un disque qui fait mal ! En voici un bref aperçu. D’entrée de jeu, « Cuts me to the bone » (un blues-rock costaud et entraînant) envoie un bon direct dans la face de l’auditeur avec une slide qui ne fait pas de quartier. Le Texas blues rapide « Fooling myself » (composé par Mister Gogo) rappelle un peu ZZ Top avec un solo de gratte autoritaire et efficace de la part de Kim Simmonds (le guitariste de Savoy Brown) qui met une bonne claque. Le père David reprend « The loner » de Neil Young avec un break de toute beauté où il révèle son style : un toucher délicat et subtil allié à la faculté de durcir son jeu à n’importe quel moment. L’excellent « There’s a hole » nous plonge dans une ambiance « swamp blues » avec une guitare acoustique, un dobro et un harmonica. La reprise de « Jet set (sigh) » (de Stephen Stills) façon « blues bien gras à la ZZ Top » balance une intro de guitare à tomber et un solo « killer » situé entre Jeff Healey et Billy Gibbons. Rien que pour la démonstration de six-cordes, ce titre est génial ! Mais un autre morceau pourrait bien lui voler la vedette. Il s’agit de « Our last goodbye », une très belle ballade mélodique au style presque sudiste avec une guitare à la Dickey Betts. Un très beau moment !
Le rock endiablé revient à la charge et sur « Coulda shoulda woulda », David envoie un solo bien senti (cocktail de Chuck Berry et de Francis Rossi de Status Quo). L’album s’achève sur « Why », un slow bluesy sur fond d’orgue aérien avec une guitare pleine d’émotion sur la fin qui évoquerait Eric Clapton.
« Alors, docteur ? Votre diagnostic ?
- Allez, ce n’est pas grave. Tout devrait rouler avec une écoute quotidienne de cet excellent disque de David Gogo… Johnny go ! Très drôle ! »
Olivier Aubry